Yves Blanc
Pilote en Championnat de France de la montagne
Site Web : http://www.multimania.com/ybracing
-31 janvier 2002-
Bonjour Yves, à tes débuts, tu courrait en rallyes, pourquoi avoir pris le chemin des courses de cotes ?
Après une interruption de 4 années pour raisons familiales, l'envie était toujours la. Mais comme j'avais complètement déconnecté du milieux du sport automobile, je n'avais plus de contact. Pour partir en rallye, il faut une équipe (copilote, assistance), beaucoup de temps ( (reconnaissances, entretien de l'auto). Je ne souhaitais pas sacrifier ma vie de famille pour la compétition qui doit avant tout être un plaisirs (j'ai passé l'âge d'espérer devenir champion du monde). C'est pourquoi en 1996, j'ai choisi de revenir en course de côte. Ainsi, je peux me déplacer avec ma famille sur les courses, on a un peu l'impression de partir en vacance en camping pour le week-end. On se retrouve régulièrement entre participants, et c'est un aspect qui séduit ma femme et mes enfants: ils ne sont pas tout seul pendant que moi j'assouvis égoïstement ma passion. Un autre aspect est rentré en ligne de compte dans mon choix: la sécurité. En effet, même si la saison 2001 est un peu venu démontré le contraire, la sécurité est tout de même meilleure en course de côte qu'en rallye: l'ensemble du parcours est sécurisé (commissaires, bottes de pailles, pneus, grillages, etc.). En berline, il est très rare que l'on se fasse mal lors d'une sortie de route en course de côte (je suis d'ailleurs très bien placé pour en parler, et je profite au passage de remercier les commissaires et les médecins de la course du Mont Dore). Enfin l'aspect financier à aussi pesé dans la balance, puisque le nombre de kilomètres parcourus étant bien plus faible qu'en rallye, les coûts sont automatiquement réduits.
A quelles courses participe tu cette saison ?
Je participerais cette saison à six courses du championnat de France de la montagne avec la 205 rallye Gr FA:
L'objectif est de me qualifier pour la finale de la coupe de France de la Montagne qui se déroulera au début du mois d'octobre sur les pentes du Col Saint Pierre dans les Cévennes. Cette course devrait être une fête pour moi puisque grâce à mes sponsors, je serais engagé sur une 206 super 1600 de Beuzelin Sport Auto.
Pourquoi avoir choisit comme but de faire la finale de la coupe de France en 206 super 1600 ?
En fait, quand j'ai rencontré Jean Manuel Beuzelin, j'ai découvert ces formidables machines que sont les 306maxi. Depuis lors, mon objectif est d'en piloter une. Mais il y a 2 solutions: soit être fortuné pour en acheter une et la faire entretenir, soit avoir suffisamment de connaissance en mécanique pour en monter une et faire l'entretien sois même. Malheureusement, je ne réuni aucune de ces deux qualités. Mes objectifs sont donc forcément plus limité. Mais j'ai malgré tout la chance d'avoir des sponsors eux aussi passionnés, et c'est ainsi que j'ai pu réunir le budget pour engager une voiture performante à la finale. Le choix s'est porté sur la 206 parce que malgré tout, mes sponsors souhaitent aussi quelques retombés médiatiques de mes engagements en championnat de France de la montagne. Or actuellement, l'actualité colle plus à la 206 super 1600 qu'à la 306 maxi. Je me suis donc rabattu sans scrupule sur cette auto. Mais je ne pense pas être malgré tout, perdant au change. C'est une auto magnifique, et formidablement bien préparée par la structure de BSA. Si ça ne marche pas, ça ne pourra venir que de moi. Mais je n'ai pas de doute la dessus non plus.
Mis a part la 206 S1600, quel voiture rêverai tu de piloter, pourquoi ?
En fait, je n'ai pas vraiment de rêve. J'aimerais conduire une 306 maxi, mais ce n'est pas un rêve. Avant de vouloir piloter une voiture, je veux savoir si je peux en tirer la quintessence. Peut être une Ferrari en groupe GT en course de côte? pourquoi pas. Mais je le redis, ce n'est pas un rêve. Ce qui compte pour moi, c'est d'être au départ, avec les copains, et d'arriver en haut en me disant "quel pied j'ai pris".
Pourquoi avoir choisi de disputer le championnat de France, avec les déplacements et autres contraintes qu'il comporte ?
En 1996, j'ai ressorti ma vieille 205GTI 1900 Gr. N du garage et je suis parti à l'attaque des côte de ma région (Haute Savoie). En 1997, j'ai fais ma course la plus courte de ma carrière: j'ai eu un accident avec la remorque à 2 km de chez moi: saison terminée. C'est alors que j'ai rencontré un sponsor à qui j'ai proposé de monter avec Jean-Manuel Beuzelin une 306S16Gr. N. Il a dit banco. Par contre, j'étais limité à 6 course par an, pendant 4 ans. Dans ce cas, autant choisir de belles épreuves. C'est pourquoi je me suis tourné vers le championnat de France de la montagne. Rouler sur les pentes du mont Ventoux ou au Mont Dore avec des pilotes qui viennent de toute l'Europe, ça a quelque chose de magique. L'année passée, je me suis surpris à parler à haute voie dans la voiture dans la montée du Ventoux tellement c'était le pied. Et puis j'avais envie de découvrir d'autres horizons: Comme je l'ai dis plus haut, les courses, c'est un peu mes vacances, alors j'ai envie de partir en vacance ailleurs que chez moi.
Pense tu que la côte se rapproche plus des rallyes ou du circuit ?
Pour l'organisation, c'est à mi-chemin entre le rallye et le circuit. Mais comme je ne fais que des épreuves du championnat de France, le niveau d'organisation est forcément bon. Pour les épreuves, la course de côte est une discipline complètement à part: c'est un peu le 100m de la compétition automobile: il faut être à fond tout de suite, avoir un pilotage hyper propre, la connaissance de la piste est très importante (certain pilote pourront passer 40 fois en reconnaissance) Contrairement au rallye, en côte on n'est pas censé improviser. Pour l'état d'esprit, je connais très peu le circuit, mais je pense que ça se rapproche plus du rallye. Comme en plus, on a pas mal de temps libre et que l'on ne bouge pas de tout le week-end, le côté festif est très important. En plus, on se retrouve tous les week-end et on se regroupe forcément dans le paddock par affinité. L'entraide est également très présente. Par exemple, l'année passée, Bernard Chambérod n'a pas hésité à prêter une pièce de boite à vitesse à Lionel Regal avec qui il s'est battu tous les week-ends.
A ton avis, quelle est la qualité primordiale pour faire "péter les temps" ?
En côte, il n'y a pas de secret: il faut être hyper propre, exploiter toute la largeur de la piste et connaître sur le bout de ses doigts le parcours. En plus, on a aucun droit à l'erreur, et il faut être à l'attaque dès les premiers centimètres.
Pourquoi avoir choisi de porter les couleurs du Team forum rally live ?
La rencontre de ces passionnés sur le forum de Rally-Live m'a donné envie de m'investir dans cette formidable aventure. L'état d'esprit correspond aussi à quelque chose que je rêve de faire depuis longtemps: mettre à disposition de jeunes pilotes mes compétences et connaissances pour les aider à assouvir leur passion. C'était pour moi l'occasion rêvé. Pour le moment, je cours encore, mais le moment d'arrêter n'est certainement pas loin, je serais alors complètement disponible pour le TFRL. En attendant, je souhaite essayer d'apporter au monde de la course de côte cet esprit qui anime le TFRL, et c'est pourquoi je porterai ses couleurs. Et puis je trouve formidable de se retrouver virtuellement avec des copains qui sont au Viet-nam, à la Réunion, en Martinique, ou à 10kms de chez moi.
Tu as débuté en 1988, que pense tu de l'évolution des courses ou rallyes depuis 14 ans ?
Je ne parlerais évidemment pas du rallye de Monte Carlo qui s'éloigne complètement de la façon dont je conçois les rallyes. Par contre, j'entend constamment les gens se lamenter sur les coûts de plus en plus élevés pour pratiquer le rallye. Quand j'ai commencé, j'allais sur les courses par la route, les copains mettaient les quatre slicks dans le coffre de leur break d'assistance, un jerrycan d'essence et on roulait. Je crois que pour celui qui le veut, c'est toujours possible. Par contre, la mentalité des gens à évolué, et pouvant se passer de moins en moins de confort, on considère que si on n'a pas le fourgon d'assistance avec le compresseur pour gonfler les pneus, le groupe électrogène et les dernières évolutions de la mitsubishi évo VII, ça ne vaut pas la peine de partir. Pourtant Yannick Vivens vient nous prouver le contraire. Alors oui, les rallyes ont évolués, l'état d'esprit aussi, mais n'oublions pas que les premiers rallyes de Monte Carlo consistait en des épreuves de régularité réservés à de riches amateurs d'automobile. Il y a une expression qui dit que si on n'évolue pas, on régresse. Je crois qu'il est important qu'il y ait une prise de conscience des pilotes qu'il faut réduire au maximum les nuisances d'avant course (réduction des reconnaissance, respect de la réglementation de la circulation), et de la part des spectateurs qu'il faut prendre en compte le danger et le respect de la nature. Mais en ce qui concerne ce dernier point (respect de la nature), j'ai pu constater sur le tour de France cycliste que ce point n'est pas spécialement lié aux spectateurs de rallye, mais plutôt au genre humain.
Le mot de la fin ?
A la manière de la remise des Césars: Je tiens à remercier ma femme et mes 2 fils (mes plus fidèles supporters), ainsi que tous mes sponsors, partenaires, mécènes ou autre. D'autre part, je tiens à remercier également tous les membres du TFRL, parce qu'ils m'ont prouvé qu'avec la passion et l'entre aide, on peut faire de grande choses. J'aimerais pousser un coup de gueule contre notre fédération qui oublie trop souvent que nous, les amateurs, nous sommes là pour pratiquer notre sport favori et pas seulement pour remplir les caisses de la fédération. Et puis j'aimerais pousser un coup de gueule contre le politiquement correct qui sévit de plus en plus dans notre sport favori: nous sommes confronté tous les jours à cette politique du ventre mou qui nous fait rentrer dans un moule, ou la raison d'être est d'amasser de l'argent au détriment du piment de la vie. Dans le sport auto, ca devient la même chose (CF, la décision de Citroèn après le Monte Carlo).
Merci Yves, nous te suivrons tout au long de cette saison, et nottement au Mont Dore ou nous seront présent.